Pourquoi Enercoop n'avait pas recours à l'ARENH jusqu'à présent ?
Enercoop, a toujours dénoncé un mécanisme qui permet aux fournisseurs d’électricité d’acheter d’une part des garanties d’origine (qui viennent certifier qu’une quantité donnée d’énergie renouvelable a bien été produite quelque part en Europe) et d’autre part de l’énergie via l’ARENH ou de l’énergie indifférenciée sur le marché. Le problème ? Celui de pouvoir proposer à travers ce dispositif des offres 100 % renouvelables aux consommateurs qui ne se doutent de rien. Un label vert sur une énergie non renouvelable en somme.
Enercoop a toujours fait le choix d’acheter de l’électricité à ses producteurs d’énergie renouvelable avec la garantie d’origine associée. Il continuera à le faire.
Pourquoi Enercoop a recours à l'ARENH pour 3 ans ?
Nous connaissons depuis près d’un an une hausse très forte et soudaine des prix sur le marché de l’électricité pour des raisons à la fois conjoncturelles (spéculation sur le prix du gaz avec la reprise économique post covid, guerre en Ukraine, indisponibilité partielle du nucléaire) et structurelles (organisation aberrante du marché, voir ci-dessous). Ces prix ont été multipliés par 10 entre mai 2021 et septembre 2022, ce qui est inouï. Ce contexte si particulier sur les marchés de l’énergie a d’ailleurs mis dans la tourmente l’ensemble des fournisseurs, en France et en Europe.
Les marchés de l’énergie dans tous leurs états
Depuis près d’un an, les prix du gaz ont très fortement augmenté, ce qui a entraîné une hausse des prix de l’électricité. Mais pourquoi les prix du gaz et de l’électricité sont-ils directement liés ?
Lorsque la consommation d’électricité est forte, par exemple en hiver, des centrales à gaz, charbon, ou fioul peuvent être mises en route pour répondre à cette demande ponctuelle. Ces centrales agissent donc comme une sorte de variable d’ajustement pour éviter des coupures électriques. Aujourd’hui, si ces centrales sont allumées, le coût de l’électricité qu’elles vont produire va refléter le coût des combustibles dont elles ont besoin pour fonctionner, comme par exemple le gaz. Le marché de l’électricité (là où l’on achète et l’on vend de l’électricité - un peu comme une bourse) lui, va calculer son prix en fonction du coût de l’électricité produite par ces centrales.
Et comme le prix du gaz a été multiplié par 7 environ, celui de l’électricité, par effet domino, connaît la même envolée.
Cette situation pèse très lourdement sur les résultats et la trésorerie d’Enercoop, en immobilisant des ressources destinées au déploiement de notre projet.
Pourquoi Enercoop est-il concerné par cette crise de l’énergie ?
Enercoop contractualise directement avec plus de 400 producteurs d’énergie renouvelable en France. Pour autant, une partie de nos contrats sont liés aux prix du marché. Notre modèle ne nous protège donc malheureusement pas totalement des fortes fluctuations de ces prix en temps de crise. Ceux-ci dépassant actuellement de très loin ce que nous avons l’habitude de proposer à nos producteurs, nous devons acheter une partie de notre énergie bien plus chère qu’auparavant.
Pour faire face à ce contexte extrêmement tendu, nous avons dû prendre des décisions exceptionnelles et difficiles depuis l’automne dernier : fermeture de la souscription à notre offre de fourniture d’électricité (et ouverture d’une liste d’attente), hausses successives de nos tarifs pour l’ensemble de nos clients.
Malgré la mise en place de ces différentes mesures, nous faisons le constat que l’équilibre du modèle économique d’Enercoop et son projet sociétal et énergétique sont fortement déstabilisés.
Plusieurs choix s’offraient à nous, et nous les avons soumis à nos sociétaires et clients depuis plusieurs mois, pour entendre leur voix, car c’est bien à eux qu’appartient le projet Enercoop.
- Augmenter nos tarifs de manière très conséquente, ralentir l’activité centrale de notre projet de transition énergétique et que nous déployons grâce à la fourniture d’électricité 100 % renouvelable: développement de la production d’énergie renouvelable citoyenne et accompagnement à la sobriété énergétique
- Passer à l’ARENH sur une période temporaire de 3 ans et mobiliser toutes nos forces dans la poursuite de notre projet de transition énergétique citoyenne.
Quel sera le volume d’ARENH acheté par ENERCOOP ?
Le volume d'ARENH auquel Enercoop peut accéder est très réglementé. Il est par ailleurs, comme pour tous les fournisseurs y ayant recours, plafonné a posteriori sur un volume non connu à l'avance (mécanisme de "l'écrêtement"). Nous en saurons plus dans les mois à venir lorsque nous ferons notre demande officielle auprès de la Commission de Régulation de l'Énergie pour l’année 2023 et ne manquerons pas d’en informer nos clients.
Qui a pris la décision du recours à l'ARENH au sein d’Enercoop ?
Le Conseil d’Administration d’Enercoop (organe élu démocratiquement et représentant les 25 000 sociétaires) s’est prononcé en faveur du recours à l’ARENH et a soumis une résolution dans ce sens pour notre Assemblée Générale du 18 juin 2022. Les sociétaires ont voté à 88% pour le recours à l’ARENH à partir de 2023 et pour une durée limitée de 3 ans.
Cette décision a été prise collectivement en toute transparence, par celles et ceux qui font le projet Enercoop : les sociétaires de la coopérative, qu’ils soient clients, salariés, partenaires, fondateurs ou producteurs.
Enercoop va-t-il spéculer sur le marché de l'électricité ?
NON, Enercoop ne spécule pas et ne cherche pas à profiter de l’envolée des prix sur le marché de l’énergie. L’ARENH est l’un des seuls outils à disposition des fournisseurs à l’heure actuelle pour faire face à un marché de l’énergie en crise, dont les prix sont devenus aberrants, et en premier lieu pour le consommateur final. Nous cherchons, à travers l’ARENH, un équilibre économique qui nous permette à la fois de proposer des factures acceptables à nos clients tout en investissant dans notre projet de transition énergétique.
Rappelons qu’Enercoop est une coopérative, ce qui signifie une lucrativité limitée, la constitution de réserves “non partageables” au profit du projet ou encore l’implication de toutes nos sociétaires sur le fondement 1 personne = 1 voix. Autant de contraintes statutaires volontairement consenties qui apparaissent comme des forces indéniables dans un marché de l’énergie ultra-concurrentiel où la recherche forcenée de profits peut devenir un conseiller bien moins pertinent que celle de l’intérêt collectif que nous défendons au quotidien.