Contexte
Rappelons tout d’abord qu’Enercoop a recours à l’ARENH (accès régulé à l’énergie nucléaire historique) pour 3 ans car c’est un mécanisme économique qui lui permet de faire baisser son coût d’approvisionnement et donc de stabiliser les factures de ses clients, dans un contexte de crise où les prix ont atteint des sommets historiquement hauts, mettant en difficulté notre modèle économique. Cette décision a donc été prise à regret. Concrètement, les volumes achetés à l'ARENH concerneront uniquement nos “couvertures”. En effet, même si nous achetons l’électricité en direct auprès de nos producteurs d’énergie renouvelable, une partie de ces contrats est liée à des prix de marché, ce qui représente un risque pour nous étant donné la volatilité de ces derniers. Pour nous en prémunir nous avons mis en place une stratégie dite de “couverture”. Elle consiste à acheter des volumes d'électricité en avance, sur 3 ans, puis à les revendre sur le marché au fur et à mesure de nos signatures en direct avec des producteurs d’énergie renouvelable et de la vie de nos contrats.
Notre promesse inchangée
Notre promesse reste donc inchangée : hier comme demain, nos clients sont assurés que nous achetons chaque année, en contrat direct, à des producteurs en France, autant d'énergie renouvelable qu'ils en consomment. En réalité nous en achetons même plus qu'ils n'en consomment (642 GWh acheté en 2021 pour 593 GWh consommés par nos clients). Chaque année nous verdissons ainsi le mix énergétique français, nous continuerons à le faire. Aussi, avec notre recours à l’ARENH, nous allons être en capacité d’augmenter massivement la production d'énergie renouvelable en développant des projets notamment éolien et photovoltaïque, le plus souvent possible en gouvernance citoyenne et surtout en contrat de gré à gré de long terme afin de faire émerger un modèle résilient, décorrélé des prix du marché.
Précisons qu’avoir recours à l’ARENH n'augmente pas la production d’électricité nucléaire car EDF doit vendre la même quantité d’ARENH chaque année quelle que soit sa production. Nous ne solliciterons donc pas plus les réacteurs nucléaires.
Transparence sur la réalité du parcours de l’électricitéL’électricité étant un flux et non stock, Enercoop a également recours aux marchés de l’énergie afin d’assurer un équilibre pour chaque demi-heure entre les volumes produits par ses producteurs locaux d'énergie renouvelable et ceux consommés par ses clients à l’instant T. Dans ce cas là, nous ne pouvons décider de l’électricité que nous achetons car elle dépend des capacités de production mobilisés à l’échelle nationale voire européenne à ce même moment. Le recours à l’ARENH n’aura pas d’influence sur ce plan là. Enercoop a toujours été transparent sur le fait que le parcours de l’électricité répondait aux lois de la physique, et que donc l’électricité effectivement consommée par un client dépend de la centrale de production la plus proche de chez lui, indépendamment de son choix de fournisseur. Notre recours à l’ARENH n’a donc aucun impact sur l’électricité que reçoivent nos clients. |
Un besoin de vision long terme
Figurer sur la liste des acteurs faisant appel à l’ARENH n’a donc changé en rien notre posture politique sur l’énergie nucléaire : comme nous le faisons depuis plus de 15 ans, nous continuons à appeler à un mix énergétique composé exclusivement d’énergie renouvelable et à une sortie progressive des énergies fossiles et fissiles, et à œuvrer concrètement pour ce modèle de transition énergétique. À l’inverse, diminuer l’ambition de notre projet politique à cause d’une décision prise dans un contexte de crise conjoncturelle reviendrait à manquer cruellement de vision long terme. Le fait de ne pas être exemplaire, car rappelons que si Enercoop avait pu se passer de l’ARENH nous n’y aurions pas eu recours, ne doit en aucun cas mener à l’inaction climatique.
Ainsi, dans notre récente communication, Enercoop rappelle haut et fort son opposition à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires pour des raisons sociales, éthiques, environnementales et économiques.
Critique de la relance du nucléaire
Enercoop critique également le bien-fondé économique d’une relance du nucléaire. Le prix de l’ARENH, fixé arbitrairement sans méthode de calcul transparente, est censé néanmoins coïncider avec “les conditions économiques de production d'électricité par les centrales nucléaires” (article L 336-1 du code de l’énergie). Or il est jugé excessivement bas par certains défenseurs de la filière, qui défendent en même temps une énergie très peu chère. Nous critiquons ce double discours et le manque de transparence sur les coûts réels du nucléaire historique, qui laissent planer un doute sur les montants avancés dans le cadre d’une relance du nucléaire.
Aussi, le code de l’énergie précité précise que le prix auquel est fixé l’ARENH doit refléter “les conditions économiques de production d'électricité par les centrales nucléaires d'EDF situées sur le territoire national et mises en service avant le 8 décembre 2010.” Il ne saurait donc permettre de dégager des marges pour financer une hypothétique construction de nouveaux réacteurs. En ce sens, Enercoop ne contribue d’aucune manière à la relance de la stratégie nucléaire.
De plus, Enercoop continuera de militer et œuvrer pour réduire au plus vite notre dépendance à l’atome en fermant progressivement les réacteurs nucléaires historiques et en allant vers un mix énergétique 100% renouvelable. Enercoop défend l’idée qu’il est nécessaire d’anticiper au plus vite et au mieux leur fermeture pour des raisons de sûreté et pour assurer un équilibre sur les plans énergétique, industriel, économique et social notamment pour les salarié.e.s de la filière. Ces fermetures se feront à mesure du vieillissement des centrales et à mesure que le déploiement des énergies renouvelables, des capacités de stockage et de gestion de la variabilité permettront d’avoir un mix électrique sobre et se passant des énergies fossiles en priorité, et du nucléaire. Ce scénario est faisable techniquement et économiquement à une échelle de temps allant de 2045 à 2050, comme l’ont prouvé l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, établissement public sous tutelle), des institutions internationales comme l’AIE (Agence internationale de l'énergie), le gestionnaire du réseau de transport public de l’électricité RTE ainsi que l’association d’experts négaWatt.